« En 1967, dans mon canton, on se menace de mort, comme on respire. On se menace à coups de : « je vais te lever la peau », « je vais t'arracher la tête », et « je vais t'édgiber ». Édgiber ou éguiber, qui veut dire, tout simplement, en parlant du poisson, lui fendre le ventre et l'évider. Tous les peuples s'insultent avec ce qu'ils connaissent. Nous, ce que l'on connaît, c'est le poisson. On l'étête, on l'édgibe et on lui lève la peau. Je sais. Vivre près de la mer ne fait pas toujours de nous des romantiques. »
Lancé il y a quelques semaines aux Îles-de-la-Madeleine le recueil de nouvelles La mer, trois kilomètres à gauche de Suzanne Richard est maintenant disponible en Librairie partout au Québec. Entre la grève et les sillons, le vent du Nord et la mer salée, la plume toute en finesse de Suzanne Richard guide des personnages colorés et singuliers : un cueilleur de cailloux, une chasseuse de bleuets, un chalet au bord d'un cap – oui, ici, même les bâtiments semblent respirer. Parmi les anecdotes, une écriture imagée et douce qui berce comme la houle du petit matin.
Née un dimanche de janvier en 1963, en pleine tempête de neige, aux Îles-de-la-Madeleine, Suzanne Richard a étudié le journalisme et la littérature. Après avoir travaillé à la radio pendant près de vingt ans, voilà que son ancienne passion pour l’écriture revient faire un tour. Et elle ne la laisse plus tranquille. Depuis 2008, elle offre des ateliers de techniques et de jeux littéraires aux adultes et aux adolescents. En 2011, elle participe à la fondation du Cercle d’auteurs des Îles-de-la-Madeleine. Elle est fascinée par ces choses qui passent inaperçues et par les manières de dire qui se perdent. La mer, trois kilomètres à gauche est sa toute première publication.